Véronique Tarin
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Véronique Tarin
Bonjour, je suis Jean Paul CONAN, Animateur radio de 1982 à 1987. J'ai contacté tous les Animateurs qui étaient à Vibration à cette époque pour vous raconter l'histoire de l'intérieur.

Véronique Tarin

Souvenirs épars… Je ne me souviens pas de la chronologie exacte. Quelques erreurs vont sans doute se glisser dans ce récit.

Il y a une quarantaine d’années… c’est bien loin tout ça…, un étudiant de l’université d’Orléans décida de créer une radio.
Il avait l’habitude d’écouter les émissions nocturnes de Francis Zégut sur RTL et de Patrice Blanc-Francard sur France Inter. Mais une chose l’agaçait profondément : lors des matchs de football importants, l’une de ces émissions musicales était supprimée au profit de commentaires sportifs. Il a donc décidé de créer une radio exclusivement dédiée à la musique, en particulier à la pop et au rock qu’il affectionnait tout particulièrement.
Vous l’aurez peut-être reconnu, cet étudiant n’était autre que Bruno Amalou.

Il faut se rappeler qu’avant 1981, on n’écoutait que quelques radios diffusées sur les grandes ondes, essentiellement RTL, EUROPE 1 et France INTER. Quelques radios hors-la-loi (qu’on qualifiait de « pirates ») essayaient de se faire entendre mais elles étaient contrecarrées par la police. Lors de sa campagne présidentielle de 1981, François Mitterrand promit d’accorder l’autorisation d’émettre à des radios dites « privées ». Une fois élu, il ne put que tenir sa promesse car nombre de créateurs de radio s’emparèrent des ondes immédiatement. Ce fut le cas, par exemple, de Radio Mary Pop’ins ou de Radio Epsilon.

Ces nouvelles radios n’allaient pas émettre sur les grandes ondes. Une partie de la bande FM, jusque-là réservée pour l’armée, fut rendue disponible pour ces nouvelles arrivantes. Mais attention ! on n’allait pas lâcher la bride si facilement ! Ces radios devaient être associatives et elles n’avaient pas le droit de diffuser de la publicité. Ceux qui y travaillaient étaient donc bénévoles et ne pouvaient pas vivre de cette activité. Il a fallu attendre quelques années pour qu’on accorde aux nouvelles radios le droit de diffuser des annonces publicitaires (mais le gouvernement ne s’est pas laissé convaincre facilement). En fait, plusieurs catégories ont été créées (dont celles qui restaient associatives et celles qui vivaient de la vente d’espaces publicitaires). Je ne me souviens plus des détails.

Mais revenons à notre étudiant…
N’ayant pas le budget nécessaire pour l’achat du matériel qui aurait permis de démarrer immédiatement et étant bon électronicien, il décida de fabriquer l’émetteur et la table de mixage de ses propres mains. Pour cela, il suffisait d’un petit boîtier en plastique pour l’émetteur et d’une tôle pliée pour la table de mixage, le tout accompagné de moults composants électroniques placés sur des circuits imprimés et de quelques potentiomètres (voir les photos où Jean-Paul parle dans le micro posé sur le rouleau de sopalin…). Cela demanda un peu de temps, surtout pour l’émetteur qui a demandé un certain nombre de réglages avant d’être au point. Seulement, ces deux appareils ne suffisaient pas pour émettre. Il fallait également un amplificateur et une antenne.
Il se trouve que Bruno a rencontré Vincent Balandier sur le campus. Ils ont sympathisé. Bruno a expliqué son projet à Vincent qui a tout de suite été intéressé par l’aventure. Vincent en a parlé à ses parents qui ont accepté de prêter l’argent pour l’achat de l’amplificateur et de l’antenne. Il n’y avait plus qu’à se lancer !

Entre-temps, Bruno et moi nous installâmes ensemble.

Vincent a prêté à Bruno l’appartement de son grand-père afin qu’il puisse travailler tranquillement sur la fabrication des appareils. J’allais le rejoindre, le soir, après les cours. Je m’installais sur le canapé et m’endormais sous le vieux poste de radio qui diffusait les émissions préférées de Bruno. Au rez-de-chaussée de l’immeuble où se trouvait cet appartement, il y avait un magasin d’électroménager. Un jour, je suis allée y faire un tour. J’ai pris quelques brochures. Sur l’une d’elles, il était précisé que, pour un lave-linge, ils avaient réussi à réduire les vibrations. Devant faire face au nom génial d’NRJ, je me suis dit que ça pourrait peut-être faire l’affaire (sauf qu’on ne peut pas réduire le nom en trois lettres). Mon idée a été acceptée. Si je me souviens bien, au départ, Bruno avait pensé à ZFM (en référence au nom des radios américaines qui commencent par K ou Z, comme KISS FM ou Z100).

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Un premier test significatif du matériel consista à enregistrer une bande sonore sur le magnétophone à bandes de Bruno, avec des interventions de Jean-Paul, et de la diffuser grâce à l’émetteur (sans l’ampli à l’époque) pour voir jusqu’où on recevait le signal avec l’installation de base (le fameux épisode du rouleau de sopalin dans ma chambre de fac). Bruno utilisait un petit poste de radio SONY pour écouter la bande FM. C’était son instrument de mesure.

Je me souviens d’un second test assez rocambolesque.
C’était l’été, le campus était peu peuplé. Nous avions acheté l’amplificateur et une antenne de type « fouet » (peu efficace mais très économique). Nous voulions tester l’installation en hauteur. Sur le campus de La Source, il y avait des tours (résidences du CROUS). Ce serait parfait.
A cette époque, il y avait Bruno, Vincent, la copine de Vincent (Marie-Christine) et moi. Y avait-il quelqu’un d’autre avec nous ? Peut-être, ma mémoire me fait défaut. Les garçons sont montés sur le toit de la tour pour y installer l’antenne. L’amplificateur a été posé sur l’un des WC (dont on avait condamné la porte). Il était alimenté par l’une des prises de la cuisine commune. Un étudiant africain nous a gentiment autorisés à utiliser sa chambre pour y placer l’émetteur et le magnétophone à bandes. Le tout était relié par divers câbles à l’intérieur et à l’extérieur de la tour.
La situation était déjà particulière mais elle s’est compliquée…
Coupe du monde de football…
Plusieurs étudiants étrangers occupaient toujours leurs chambres malgré les congés d’été et le gardien avait son appartement dans la tour.
Notre antenne fouet était placée sur le toit, donc près de l’antenne de réception de la télévision (pas de box à l’époque). Ne pouvant pas regarder les matchs de football, sa télé ne lui proposant que des stries, je suppose, le gardien découvrit rapidement la nature du problème (les étudiants râlaient aussi). Il montait donc au dernier étage que nous avions partiellement squatté et coupait le courant dans la cuisine. Dès que nous nous en apercevions, nous allions le remettre en route. Il se trouve que le rectorat nous soutenait (je ne me souviens plus des détails de ce soutien). Nous appelions donc le rectorat pour qu’il demande au CROUS de donner l’ordre au gardien de remettre le courant. Ceci s’est produit un certain nombre de fois (je ne peux pas vous dire combien). On était content car notre petite antenne fouet placée si haut permettait d’atteindre le centre-ville d’Orléans situé à une dizaine de kilomètres de la fac. Mais cette situation ne pouvait être que provisoire, d’autant que l’étudiant qui nous avait permis d’utiliser sa chambre en a eu assez au bout d’un moment.

Un peu plus tard, le rectorat nous a autorisé à émettre depuis un bâtiment du campus. On nous a prêté une petite pièce située près d’un amphi. On installa donc notre premier vrai studio dans cette pièce. L’amplificateur fut posé tout en haut de l’amphi (je ne me souviens pas sur quoi ni qui avait grimpé pour aller le percher là-haut). On priait pour qu’il ne tombe pas sur les étudiants assis en-dessous ! Notre antenne fouet fut installée sur le toit du bâtiment. Le souci, c’est que ce bâtiment n’était pas très haut et que cette petite antenne était insuffisante. Vincent remit la main à la poche pour acheter une antenne professionnelle avec un petit pylône pour l’accrocher dessus. Jean-Paul, pressé de l’installer avait imaginé un système utilisant une tringle à rideau pour hisser tout ça. On l’en a dissuadé. Trop fragile. Heureusement, un étudiant nous a proposé d’utiliser son matériel d’escalade et nous a aidé à installer le pylône et l’antenne. Avant de lancer de vraies émissions, on remit la bande enregistrée par Jean-Paul. Le magnétophone de Bruno était autoreverse, c’est-à-dire qu’arrivée à la fin, la bande repartait dans l’autre sens (elle était enregistrée sur les deux faces). Elle devait donc tourner en continu. Le souci, c’est que le magnétophone était un peu vieillissant et pas conçu pour tourner 24 heures sur 24. Il s’est mis à dérailler en arrivant au bout de la bande et faisait un bruit à la Donald Duck. Il fallait écouter la radio en permanence et repérer la dernière chanson de la bande en faisant une prière pour que ça ne déraille pas. Si c’était le cas, il fallait courir à travers le campus pour replacer correctement la bande sur le magnétophone. Etant trop lente, je n’ai pas eu à faire cet exercice. En fait, je ne me souviens plus si cet épisode s’est déroulé avant l’ouverture de l’antenne ou bien si on lançait le magnétophone pour la nuit quand il n’y avait plus d’animateurs. C’est peut-être bien ça, car, si je ne me trompe pas, Jean-Eric Valli était déjà avec nous à ce moment-là et il a rejoint l’équipe parce qu’il était venu faire une émission.

Quoiqu’il en soit, on pouvait enfin émettre sérieusement. Les animateurs n’étaient pas difficiles à trouver car de nombreux étudiants étaient intéressés. Des lycéens vinrent aussi faire une émission. Ils étaient six pour faire une émission d’une demi-heure à la sortie des cours. Des étudiants ska animaient une émission reflétant leurs goûts musicaux. Ils étaient du style à raconter des bêtises à l’antenne. Un jour ils ont dit qu’une bombe lacrymogène avait été lancée dans le studio. Jean-Eric qui était en train de les écouter a d’abord cru à une blague. Puis, il s’est rendu compte que c’était vrai. Il a couru jusqu’à l’amphithéâtre pour permettre aux malheureux animateurs de quitter le studio. Ces derniers n’ayant pas la clé, ils étaient restés courageusement pour éviter toute intrusion. A cette époque, nous émettions sur 101 Mhz et j’avais compté lors d’une réunion organisée avec tous les animateurs dans l’amphi qu’ils étaient 101 ! Tous bénévoles, bien sûr, chacun venant suivant son emploi du temps personnel et chacun apportant ses disques. Certains animateurs occupaient l’antenne plus que d’autres, en particulier deux DJ, amateurs de funk, qui allaient jusqu’à sortir d’autres animateurs pour prendre leur place ! Une fois, ils ont fait « la nuit des DJ en colère ». Je ne me souviens pas du contenu de cette émission nocturne mémorable mais je me rappelle que Bruno était fou de rage. Etait-ce cette fois-là où il a piqué une crise en hurlant si fort que l’intervenant qui donnait son cours dans l’amphi a dû sortir pour manifester son mécontentement face à tout ce vacarme ? Je crois. Inutile de vous dire que ces deux garçons n’ont plus remis les pieds dans le studio. Il y a eu un autre évènement qui l’a mis en colère. Un animateur a annoncé à l’antenne qu’il partait de VIBRATION pour rejoindre RADIO MEGA (si je me souviens bien). Heureusement pour l’animateur, il avait déjà quitté le studio quand Bruno est arrivé ! Mais globalement, tout se passait bien, excepté qu’il était impossible de gérer 101 personnes.

Afin d’émettre plus loin et de ne plus dépendre du rectorat, il a été décidé de déménager le studio au centre-ville. Je ne me souviens pas qui a trouvé le local de l’avenue de Münster mais il s’est avéré très pratique. Situé dans une tour permettant d’installer l’antenne en hauteur, ce local à vélo dont les fenêtres partiellement murées évitaient les intrusions, était suffisamment vaste pour y installer deux studios, deux bureaux et un atelier technique pour Bruno. En échange de messages publicitaires, nous avons reçu quatre platines disque de qualité. Bruno a fabriqué une seconde table de mixage (cette fois en partant d’un modèle de base). Nous avions donc un studio pour les émissions et un second pour enregistrer les messages publicitaires. Ce deuxième studio pouvait aussi servir à l’antenne. Heureusement, car Jean-Paul (encore lui !) a ouvert une bouteille de champagne au-dessus de la table de mixage du studio 1 et l’a noyée ! Il a dû filer dans le studio 2 pour continuer son émission.

Dans ces nouveaux locaux, beaucoup moins d’animateurs qu’à la fac. Le professionnalisme arrivait à VIBRATION. Chacun occupait un créneau et venait chaque jour (sauf le week-end conduit par d’autres). L’équipe était essentiellement constituée de garçons, Florence Janvier étant l’exception ! J’ai aussi animé quelques émissions pour remplacer une personne absente.

De nouveaux postes ont été créés comme celui de responsable des programmes ou celui de responsable musical, occupés par Didounet (Didier Leroy) et Oscar (Bruno Witek) notamment. La programmation s’est spécialisée (pop rock comme l’avait souhaité Bruno au départ). Avec l’aide des maisons de disque, une discothèque a été créée.

Plus tard, le service commercial s’est étoffé et s’est installé dans des bureaux situés au bord de la Loire. M’occupant du secrétariat et de la comptabilité (simplement parce que j’étais la seule à savoir utiliser une machine à écrire), j’ai été transférée dans ces bureaux avec les commerciaux. J’étais triste de devoir quitter les studios. C’est à cette époque qu’est né le slogan « la radiolocomotive » créé par un publicitaire talentueux (mais qui laissait des ardoises partout). C’était pour exprimer le fait qu’on se plaçait avant toutes les autres radios. On a fait fabriquer des autocollants découpés en forme de grosse locomotive. Un jour, on a lancé une campagne de collage systématique sur les voitures stationnées en ville afin de se faire de la pub. J’étais avec Jean-Eric Valli. A un moment, alors que nous étions en train de placer un adhésif sur un pare-brise, le propriétaire du véhicule est arrivé. On s’est inquiété. Quelle allait être sa réaction ? Il nous a lancé « depuis le temps que j’en cherchais un ! ». Ouf J’avais dessiné le premier auto-collant de VIBRATION (celui avec la guitare) à l’époque où nous étions dans le local du campus. Pas d’ordinateur à l’époque. J’avais créé cette maquette comme j’avais pu et on a donné ça à l’imprimeur qui a dû se débrouiller avec mon « chef d’œuvre ». C’est d’ailleurs cet imprimeur qui nous a présenté le publicitaire inventeur de la radiolocomotive.>

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Je me souviens d’émissions faites dans les commerces, notamment une réalisée chez XEROX et animée par Oscar. On a découvert dans cette boutique les premiers ordinateurs MAC INTOSH. On pouvait même dessiner grâce à un truc qu’on appelait une souris !

Je me souviens da la nuit du Printemps (voir vidéo de Jean-Paul).

Je me souviens de Bruno se rendant aux Etats-Unis pour acheter du matériel ou bien des jingles. Un jour, il a emmené Chapouteau avec lui. Devant s’occuper de l’achat de matériel, il a confié à Chapouteau le soin de contacter la société qui vendait le système de programmation permettant d’organiser le passage des disques et de la publicité à l’antenne. Ayant le sens des affaires, Chapouteau a vu là une opportunité et a proposé à la société américaine d’être revendeur de leur système en France. A leur retour, Bruno l’avait un peu en travers de la gorge. Maintenant, Chapouteau (Philippe Générali) dirige la société en question (RCS) à l’international ! Il vit à New-York.

En 1986, il a été décidé d’étendre la zone d’écoute de VIBRATION sur Tours. A cette époque, pas de satellite. Bruno et moi avons parcouru une partie de la Touraine pour trouver où placer un pylône. Finalement, le choix a été fait de passer par TDF. Nous avons installé les studios à Saint-Cyr-sur-Loire. Des animateurs locaux ont formé une nouvelle équipe sous la houlette du frère de Bruno, gérant de la station de Tours. Il y avait notamment Momo qui, après des débuts difficiles, s’est avéré être un excellent animateur. Bruno et moi avons rejoint cette équipe et avons déménagé en Indre-et-Loire.

Des querelles internes entre les associés dirigeant la société d’Orléans ont fini par avoir raison de la station de Tours qui cessa d’émettre en 1987. C’est à cette époque que tout s’est arrêté pour moi. J’ai occupé ensuite des postes en secrétariat puis des postes de dessinatrice en bâtiment. J’ai fait une seule chose originale depuis la radio : j’ai écrit un roman (« Le grand voyage », mélange de science-fiction et de fantastique).

Voilà, vous savez comment tout a débuté. Je laisse aux autres le soin de vous raconter la suite. Voilà, vous savez comment tout a débuté. Je laisse aux autres le soin de vous raconter la suite.

Véronique TARIN 2023



Véronique a écrit un roman et dessine toujours. A voir sur son site :

LeGrandVoyage1-2
www.veronique-tarin.com

One thought on “Véronique Tarin

  1. Une belle aventure et une belle histoire. Je me souvient tres bien du studio au campus .. jai fais quelque emissions Durand cette periode.. entre l’emetteur dans Les cabinet, sur le tank d’eau ou arrivant au studio, le matin tres tot, et des “animatuers” dormais partaire . Le studio etait vraiment petit et sans fenetres. Donc imaginer l’audeur !!! Que de souvenirs!!!

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