Un premier test significatif du matériel consista à enregistrer une bande sonore sur le magnétophone à bandes de Bruno, avec des interventions de Jean-Paul, et de la diffuser grâce à l’émetteur (sans l’ampli à l’époque) pour voir jusqu’où on recevait le signal avec l’installation de base (le fameux épisode du rouleau de sopalin dans ma chambre de fac). Bruno utilisait un petit poste de radio SONY pour écouter la bande FM. C’était son instrument de mesure.
Je me souviens d’un second test assez rocambolesque.
C’était l’été, le campus était peu peuplé. Nous avions acheté l’amplificateur et une antenne de type « fouet » (peu efficace mais très économique). Nous voulions tester l’installation en hauteur. Sur le campus de La Source, il y avait des tours (résidences du CROUS). Ce serait parfait.
A cette époque, il y avait Bruno, Vincent, la copine de Vincent (Marie-Christine) et moi. Y avait-il quelqu’un d’autre avec nous ? Peut-être, ma mémoire me fait défaut. Les garçons sont montés sur le toit de la tour pour y installer l’antenne. L’amplificateur a été posé sur l’un des WC (dont on avait condamné la porte). Il était alimenté par l’une des prises de la cuisine commune. Un étudiant africain nous a gentiment autorisés à utiliser sa chambre pour y placer l’émetteur et le magnétophone à bandes. Le tout était relié par divers câbles à l’intérieur et à l’extérieur de la tour.
La situation était déjà particulière mais elle s’est compliquée…
Coupe du monde de football…
Plusieurs étudiants étrangers occupaient toujours leurs chambres malgré les congés d’été et le gardien avait son appartement dans la tour.
Notre antenne fouet était placée sur le toit, donc près de l’antenne de réception de la télévision (pas de box à l’époque).
Ne pouvant pas regarder les matchs de football, sa télé ne lui proposant que des stries, je suppose, le gardien découvrit rapidement la nature du problème (les étudiants râlaient aussi). Il montait donc au dernier étage que nous avions partiellement squatté et coupait le courant dans la cuisine. Dès que nous nous en apercevions, nous allions le remettre en route.
Il se trouve que le rectorat nous soutenait (je ne me souviens plus des détails de ce soutien). Nous appelions donc le rectorat pour qu’il demande au CROUS de donner l’ordre au gardien de remettre le courant. Ceci s’est produit un certain nombre de fois (je ne peux pas vous dire combien).
On était content car notre petite antenne fouet placée si haut permettait d’atteindre le centre-ville d’Orléans situé à une dizaine de kilomètres de la fac. Mais cette situation ne pouvait être que provisoire, d’autant que l’étudiant qui nous avait permis d’utiliser sa chambre en a eu assez au bout d’un moment.
Un peu plus tard, le rectorat nous a autorisé à émettre depuis un bâtiment du campus. On nous a prêté une petite pièce située près d’un amphi. On installa donc notre premier vrai studio dans cette pièce. L’amplificateur fut posé tout en haut de l’amphi (je ne me souviens pas sur quoi ni qui avait grimpé pour aller le percher là-haut). On priait pour qu’il ne tombe pas sur les étudiants assis en-dessous ! Notre antenne fouet fut installée sur le toit du bâtiment.
Le souci, c’est que ce bâtiment n’était pas très haut et que cette petite antenne était insuffisante. Vincent remit la main à la poche pour acheter une antenne professionnelle avec un petit pylône pour l’accrocher dessus. Jean-Paul, pressé de l’installer avait imaginé un système utilisant une tringle à rideau pour hisser tout ça. On l’en a dissuadé. Trop fragile. Heureusement, un étudiant nous a proposé d’utiliser son matériel d’escalade et nous a aidé à installer le pylône et l’antenne.
Avant de lancer de vraies émissions, on remit la bande enregistrée par Jean-Paul. Le magnétophone de Bruno était autoreverse, c’est-à-dire qu’arrivée à la fin, la bande repartait dans l’autre sens (elle était enregistrée sur les deux faces). Elle devait donc tourner en continu. Le souci, c’est que le magnétophone était un peu vieillissant et pas conçu pour tourner 24 heures sur 24. Il s’est mis à dérailler en arrivant au bout de la bande et faisait un bruit à la Donald Duck. Il fallait écouter la radio en permanence et repérer la dernière chanson de la bande en faisant une prière pour que ça ne déraille pas. Si c’était le cas, il fallait courir à travers le campus pour replacer correctement la bande sur le magnétophone. Etant trop lente, je n’ai pas eu à faire cet exercice.
En fait, je ne me souviens plus si cet épisode s’est déroulé avant l’ouverture de l’antenne ou bien si on lançait le magnétophone pour la nuit quand il n’y avait plus d’animateurs. C’est peut-être bien ça, car, si je ne me trompe pas, Jean-Eric Valli était déjà avec nous à ce moment-là et il a rejoint l’équipe parce qu’il était venu faire une émission.
Quoiqu’il en soit, on pouvait enfin émettre sérieusement. Les animateurs n’étaient pas difficiles à trouver car de nombreux étudiants étaient intéressés. Des lycéens vinrent aussi faire une émission. Ils étaient six pour faire une émission d’une demi-heure à la sortie des cours.
Des étudiants ska animaient une émission reflétant leurs goûts musicaux. Ils étaient du style à raconter des bêtises à l’antenne. Un jour ils ont dit qu’une bombe lacrymogène avait été lancée dans le studio. Jean-Eric qui était en train de les écouter a d’abord cru à une blague. Puis, il s’est rendu compte que c’était vrai. Il a couru jusqu’à l’amphithéâtre pour permettre aux malheureux animateurs de quitter le studio. Ces derniers n’ayant pas la clé, ils étaient restés courageusement pour éviter toute intrusion.
A cette époque, nous émettions sur 101 Mhz et j’avais compté lors d’une réunion organisée avec tous les animateurs dans l’amphi qu’ils étaient 101 ! Tous bénévoles, bien sûr, chacun venant suivant son emploi du temps personnel et chacun apportant ses disques.
Certains animateurs occupaient l’antenne plus que d’autres, en particulier deux DJ, amateurs de funk, qui allaient jusqu’à sortir d’autres animateurs pour prendre leur place ! Une fois, ils ont fait « la nuit des DJ en colère ». Je ne me souviens pas du contenu de cette émission nocturne mémorable mais je me rappelle que Bruno était fou de rage. Etait-ce cette fois-là où il a piqué une crise en hurlant si fort que l’intervenant qui donnait son cours dans l’amphi a dû sortir pour manifester son mécontentement face à tout ce vacarme ? Je crois. Inutile de vous dire que ces deux garçons n’ont plus remis les pieds dans le studio.
Il y a eu un autre évènement qui l’a mis en colère. Un animateur a annoncé à l’antenne qu’il partait de VIBRATION pour rejoindre RADIO MEGA (si je me souviens bien). Heureusement pour l’animateur, il avait déjà quitté le studio quand Bruno est arrivé !
Mais globalement, tout se passait bien, excepté qu’il était impossible de gérer 101 personnes.
Afin d’émettre plus loin et de ne plus dépendre du rectorat, il a été décidé de déménager le studio au centre-ville. Je ne me souviens pas qui a trouvé le local de l’avenue de Münster mais il s’est avéré très pratique. Situé dans une tour permettant d’installer l’antenne en hauteur, ce local à vélo dont les fenêtres partiellement murées évitaient les intrusions, était suffisamment vaste pour y installer deux studios, deux bureaux et un atelier technique pour Bruno.
En échange de messages publicitaires, nous avons reçu quatre platines disque de qualité. Bruno a fabriqué une seconde table de mixage (cette fois en partant d’un modèle de base). Nous avions donc un studio pour les émissions et un second pour enregistrer les messages publicitaires. Ce deuxième studio pouvait aussi servir à l’antenne. Heureusement, car Jean-Paul (encore lui !) a ouvert une bouteille de champagne au-dessus de la table de mixage du studio 1 et l’a noyée ! Il a dû filer dans le studio 2 pour continuer son émission.
Dans ces nouveaux locaux, beaucoup moins d’animateurs qu’à la fac. Le professionnalisme arrivait à VIBRATION. Chacun occupait un créneau et venait chaque jour (sauf le week-end conduit par d’autres). L’équipe était essentiellement constituée de garçons, Florence Janvier étant l’exception ! J’ai aussi animé quelques émissions pour remplacer une personne absente.
De nouveaux postes ont été créés comme celui de responsable des programmes ou celui de responsable musical, occupés par Didounet (Didier Leroy) et Oscar (Bruno Witek) notamment.
La programmation s’est spécialisée (pop rock comme l’avait souhaité Bruno au départ). Avec l’aide des maisons de disque, une discothèque a été créée.
Plus tard, le service commercial s’est étoffé et s’est installé dans des bureaux situés au bord de la Loire.
M’occupant du secrétariat et de la comptabilité (simplement parce que j’étais la seule à savoir utiliser une machine à écrire), j’ai été transférée dans ces bureaux avec les commerciaux. J’étais triste de devoir quitter les studios.
C’est à cette époque qu’est né le slogan « la radiolocomotive » créé par un publicitaire talentueux (mais qui laissait des ardoises partout). C’était pour exprimer le fait qu’on se plaçait avant toutes les autres radios. On a fait fabriquer des autocollants découpés en forme de grosse locomotive. Un jour, on a lancé une campagne de collage systématique sur les voitures stationnées en ville afin de se faire de la pub. J’étais avec Jean-Eric Valli. A un moment, alors que nous étions en train de placer un adhésif sur un pare-brise, le propriétaire du véhicule est arrivé. On s’est inquiété. Quelle allait être sa réaction ? Il nous a lancé « depuis le temps que j’en cherchais un ! ». Ouf
J’avais dessiné le premier auto-collant de VIBRATION (celui avec la guitare) à l’époque où nous étions dans le local du campus. Pas d’ordinateur à l’époque. J’avais créé cette maquette comme j’avais pu et on a donné ça à l’imprimeur qui a dû se débrouiller avec mon « chef d’œuvre ». C’est d’ailleurs cet imprimeur qui nous a présenté le publicitaire inventeur de la radiolocomotive.>
Une belle aventure et une belle histoire. Je me souvient tres bien du studio au campus .. jai fais quelque emissions Durand cette periode.. entre l’emetteur dans Les cabinet, sur le tank d’eau ou arrivant au studio, le matin tres tot, et des “animatuers” dormais partaire . Le studio etait vraiment petit et sans fenetres. Donc imaginer l’audeur !!! Que de souvenirs!!!